A découvrir en ligne – Les Éditions RING

Les maisons d’éditions se font souvent des réputations injustifiées avant de percer dans un domaine particulier : bandes-dessinés, polars, investigations, etc., certaines sont grandement appréciées telles les éditions Delcourt ou Glénat, mais d’autres proposent des auteurs méconnus dont les publications peuvent semer parfois une certaine controverse. Parmi ces maisons d’édition qui publient des auteurs d’envergure mais comptant parmi eux quelques plumes controversées, il y en a une qui rencontre un succès remarquable et j’avais justement envie de présenter 3 livres d’auteurs différents de cette maison d’édition unique qui s’appelle Ring (Marsault, Julian Assange, Laurent Obertone, Stéphane Bourgoin, etc).

Avant toute chose, petite présentation, les éditions Ring furent créées en 2011 par David Serra, pionnier mondial des teasers de livres (inventeur de la première bande annonce mondiale de livres), il s’est rapidement spécialisé dans la découverte d’auteurs et de textes bruts, sans filtre. Que ce soit des thrillers littéraires, des investigations perforatrices dont la France feutrée des librairies n’a que trop peu l’habitude, de la bande-dessinés noire et blanche ou des enquêtes sur des faits criminels réels, les éditions Ring accueillent à bras ouvert les auteurs traitant de sujets variés, difficiles ou mal compris, et c’est justement ce que beaucoup aiment chez eux.

Ring montre une grande liberté d’expression en publiant des auteurs qui ont été parfois victimes de censure médiatique souvent abusive, certains antifas ont prétendu (à tort) que cette maison d’éditions était liée à l’extrême droite car Marine Le Pen avait montré La France Orange mécanique à l’antenne d’une grande émission politique sur France 2.

Une certaine presse très à gauche (le plus grotesque est une pige pour Libération de l’inénarrable Robin d’Angelo du magazine d’extrême gauche StreetPress, proche des milieux antifas, d’une malhonnêté sidérante ) s’est imaginé que Ring était peut-être en lien avec le front national et cette rumeur a déclencher un boycott d’un an avant que la critique intelligente et honnête découvre la richesse et la diversité du catalogue et que cette rumeur était tout bonnement une fake news.

Hors, sachant que parmi les auteurs on trouve Zineb El Razhoui, d’origine marocaine et ex-journaliste de Charlie Hebdo, et Pierre-André Taguieff, écrivain connu pour son combat contre le racisme ou Jimmy Page (Leader de Led Zeppelin, Norman Mailer, Julian Assange ou tant d’autres, on se rend compte que ces rumeurs n’auraient jamais dû apparaître.

À ce jour, le seul parcours politique de David Serra, amoureux fou de Cormac McCarthy, a été un passage à l’UDF de 6 mois dans sa jeunesse étudiante, 95% des auteurs de Ring sont classés à gauche et une certaine presse n’a retenu que Laurent Obertone, Marsault et le sarkozyste Geoffroy Lejeune.

Sans plus attendre, voici trois livres qui méritent votre attention.

999 ans de serial killers, par Stéphane Bourgoin

Les tueurs en séries ont toujours passionné les gens, et leurs actes horribles et impardonnables montrent la brutalité dont peut faire preuve l’être humain. De nombreuses personnes s’intéressent à ce sujet, entre autre Christophe Ondelatte avec l’émission «  faites entrer l’accusé » et, dans la littérature, il y a un auteur français qui a rendu public ces histoires macabres. Cet homme, c’est Stéphane Bourgoin.

Depuis 1979, Stéphane Bourgoin a enquêté en tant que profiler (métier consistant à déterminer la psychologie d’un meurtrier) pour le FBI et, depuis les années 80, le monde connait ses ouvrages basés sur ses nombreuses discussions avec des tueurs célèbres comme Ed Kemper, connu pour avoir assassiné une dizaine de femmes entre 1972 et 1973.

Avec le temps, l’écrivain s’est tellement bien spécialisé qu’il est devenu conférencier pour la gendarmerie et présentateur d’une émission sur RTL intitulée «  l’heure du crime », dans laquelle il y raconte soit le déroulée d’une enquête criminel, soit le « parcours » d’un des nombreux tueurs en séries qu’il a rencontré.

Aujourd’hui, Stéphane Bourgoin continue son métier d’écrivain à 65 ans en traitant régulièrement l’actualité de faits divers sordides sur Facebook. Il est souvent appelé par la télévision ou la radio pour animer une émission sur son thème de prédilection.

J’ai choisi « 999 ans de serials killers » car c’est avec ce livre que j’ai connu cet écrivain et la maison d’éditions Ring. Le principe de ce livre est comme un calendrier : à chaque mois, il y a une journée se déroulant à une période différente et de nombreux meurtres différents.

Cela peut paraitre vite inintéressant mais en fait c’est extrêmement varié et fascinant, l’auteur y dresse de très nombreux portraits détaillés et provenant d’époques et de pays différents, on peut aussi bien trouver le début de l’enquête sur les crimes de Jack L’éventreur que la traque de Francis Heaulme, celui que l’on surnomme « le routard du crime ».

« 999 ans de serials killers » n’est pas une liste complète de tous les tueurs ayant existé, mais son contenu particulièrement riche suscite à la fois l’écœurement et la fascination avec une grande habilité, je recommande ce livre à ceux qui sont attirés par les histoires d’affaires criminelles.

La vie après la mort, par Damien Echols

Pour rester dans le domaine de la justice et du crime, j’ai envie de vous présenter mon coup de cœur des éditions Ring : « La vie après la mort, 18 ans dans le couloir de la mort », écrit par l’américain Damien Echols.

 

En 1993, trois enfants sont retrouvés assassinés près de la ville de West Memphis, situé dans l’Arkansas, la police arrêtera trois jeunes suspects, parmi eux Damien Echols. Suite à de nombreux faux témoignages et falsifications de preuves, Damien sera condamné à la peine de mort dans une prison à la sécurité renforcé.

Derrière les barreaux, Damien Echols clamera haut et fort son innocence et aura avec le temps un fort comité de soutien, de nombreux anonymes mais aussi des gens connus comme Johnny Depp, Eddie Vedder, chanteur de Pearl Jam et même Peter Jackson. Longtemps considéré comme suspect numéro 1, lui et ses amis seront libérés en aout 2011 suite à l’accumulation de preuves les innocentant entièrement.

Damien Echols a aujourd’hui 43 ans et travaille comme photographe, il est devenu un des fers de lance dans la lutte contre les erreurs judiciaires aux Etats-Unis.

L’histoire qu’il raconte dans son livre est terriblement poignante dans le sens où il nous transporte dans sa descente en enfer. Dans ce pays, les erreurs judiciaires peuvent être nombreuses et rares sont ceux qui ont reçu un si puissant soutien du public, Damien Echols aurait pu baisser les bras mais à préféré croire en une bonne étoile et il l’a trouvé.

La vie après la mort, c’est le périple semé d’embuches d’un jeune homme américain dont on a fracassé son innocence à coups de rumeurs graves, on peut se retrouver à être ému et en colère devant certains chapitres dévoilant le système judiciaire américain et les mauvais traitements qu’a subit Damien Echols (malnutrition, agression par des gardiens, isolement…), il nous emporte dans son infernale calvaire avec une écriture remarquable.

Un livre fort, choquant et émouvant parvenant à entrainer son lecteur dans le sentiment qu’on a en tant que victime d’une grave erreur judiciaire, à lire absolument.

Disponible à la médiathèque Grain de sel.

Sans filtre, de Marsault

Pour le dernier livre, je vais vous parler de la dernière BD du « Gotlib de l’underground », celui dont le lynchage sur Facebook a failli nuire à sa carrière : Marsault.

« Sans filtre », tout comme les deux tomes de « Breum » (albums qui lui ont permis d’être connu) est une accumulation d’histoires  remplies d’humour noir. Ceux qui sont friand de ce type d’humour et connaisseur de l’auteur y retrouveront le talent pour le dessin et l’humour qui ciblent plusieurs personnes : les racistes, les alcooliques, les cadres, les féministes extrémistes, tout le monde y passe.

Toutes les planches présentes dans cet album était de l’époque où Marsault n’était pas du tout connu, il ne les avait pas publié sur Facebook et s’est vu obligé d’autoédité « Sans-filtre » en deux albums.

On y trouve des caricatures à l’extrême d’individus de notre société dans des situations souvent hilarantes et on sent que Marsault fait ça pour faire marrer les gens et non pour les inciter à une quelconque rébellion. Il cherche avant toute chose à faire rire les gens et il a énormément d’idées de petites histoires.

En plus d’avoir de l’imagination, le jeune auteur fait plusieurs références à des grands films. En exemple, l’histoire du «  Misogynator » nous place dans un futur où l’être humain est envahi par des créatures mi- humain, mi- cochon qui mènent une guerre contre des humains non contaminés. Pour cela, les monstres envoient dans le passé une cochonator, un cyborg dont la mission est de tuer la mère du leader de la résistance humaine avant la naissance de ce dernier.

Etant au courant de la situation, le leader de la résistance cherche des solutions pour empêcher la mort de sa mère, c’est alors qu’arrive un dénommé Germain Beulard ( le personnage sur la couverture du livre ), un survivant alcoolique et habité par une misogynie très forte, qui accepte la mission de retourner dans le passé.

Il s’agit clairement d’une grosse parodie du film Terminator, du titre au scénario, tout est parodié avec des dialogues vaches et des situations à éclater de rire, il faut savoir que Marsault adore le cinéma américain et on le ressent bien avec certaines parodies de ce livre.

Marsault a encore une fois dévoilé son univers noir et complètement loufoque avec « Sans filtre » et doit continue sa carrière d’auteur de BD, il fera sans doute partie des grands noms. Pour beaucoup et moi-même, il fait déjà partie de la nouvelle génération d’auteurs talentueux.

Pour retrouver les Éditions Ring sur Internet:

 

Je remercie David Serra, directeur des éditions Ring, pour l’autorisation de rédiger cet article.

Trystan